Se battre pour la retraite en presqu'île de Crozon

Elle est belle la presqu'île de Crozon ! Qui dirait le contraire? On entend dire parfois que des retraités avec de bonnes ressources viennent s'y installer, après avoir vendu leur appartement, notamment en région parisienne.

En fouillant de plus près la réalité est tout autre. Il y a quelques années, la vie dans la presqu'île tournait autour de la pêche. Le thon à Morgat, la langouste à Camaret. Les hommes en pêche, les femmes vivaient souvent chichement en cultivant de petits lopins de terre, se nourrissant essentiellement de patates et de viande de porc.

De nombreuses femmes veuves (la durée de vie des pêcheurs était plus courte) vivent avec des retraites de misère. Yvonne responsable d'un club connaît bien leur situation. Mais, dit-elle, le montant de la retraite perçu reste un sujet tabou. Alors, il faut fouiller de près. Annie, veuve de marin-pêcheur, a 67 ans, et perçoit mensuellement 594,42 euros et 89,16 euros de bonification pour avoir élevé 4 enfants. Elle s'occupe de sa mère de 89 ans qui touche la même retraite. A six kilomètres du bourg, il faut une voiture pour faire les courses, et ça coûte cher, le carburant ayant encore augmenté. Pour s'en sortir, il faut se débrouiller et bricoler de-ci de-là. «Tant qu'il y aura la santé ! », dit-elle.

Des témoignages comme celui-là il y en a des centaines, et les aides familiales en savent quelque chose. Une veuve d'un mari ouvrier du bâtiment, touche 600 euros par mois. Malgré cela elle n'a pas beaucoup d'aide, 30% de celle-ci étant à sa charge. La maison est dans un triste état et elle n'ose pas réclamer. Une autre a droit à deux heures d'aide (1 heure pour le ménage et 1 heure pour les courses). Elle fut surprise dernièrement de recevoir une facture de rappel de 200 euros pour six mois. Elle n'avait pas de quoi payer ! Ne pouvant se déplacer pour s'expliquer, c'est l'aide familiale qui l'a débrouillée.

Il y a quelques jours, j'étais au club du Kador avec mon accordéon. Une femme retraitée vient me dire:

-«Bravo François, vous avez fait un rassemblement à Crozon le 23 mars, je vous ai vu dans la presse, c'est une première Â» !

-«Ah oui Â» ! lui répondis-je . Il faut se battre actifs et retraités; et d'en profiter pour parler du Conseil National de la Résistance. D'Ambroise Croizat, appelé le «ministre des travailleurs» qui mit en place dès 1945 la sécurité sociale. Elle prenait en charge la santé de la naissance à la mort. Et cela dans une France ruinée par la guerre. Aujourd'hui elle est la cinquième puissance mondiale, et Sarko voudrait détruire ces belles conquêtes ouvrières !

On pourrait disserter longuement sur la dure vie de ces retraités en presqu'île. Le parti communiste engage une bataille exceptionnelle d'explication sur les solutions pour garantir la retraite à 60 ans, avec un revenu à 75% du salaire net d'activité et un minimum au niveau du smic.

Une retraite juste qui garantisse la solidarité entre les générations.

Un petit mot encore : Christiane était déléguée de la CGT aux «Nouvelles Galeries» d'Evreux (Eure). Une militante communiste d'un courage exceptionnel que craignait le patron de ce grand magasin. Bernard, son mari, ancien résistant vient de décéder. Je lui ai rendu hommage.

Christiane qui a 82 ans m'a remercié en m'écrivant : «Il faut continuer la lutte François, car sinon que vont devenir nos petits enfants» !

 François Lucas



03/05/2010
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